« Bravo, tu t’es planté mon fils …maman est très fière de toi » …comme ce serait constructif que nous soyons capables de dire cela à nos enfants et particulièrement à nos ados,

Mais voilà une phrase qui résonne étrangement dans nos sociétés que ce soit en France ou en Espagne, dans lesquelles échouer est synonyme de défaillance.

Et pourtant, cela ferait tellement de bien à nos jeunes de pouvoir accepter de se tromper sereinement…sans avoir peur du jugement qui va être porté sur eux.

Réfléchissons à ce que construit notre société autour de la notion d’erreur.

Notre petite enfance est le seul moment de notre vie où nous comprenons l’échec ou l’erreur comme fondement de l’expérience. Lorsqu’un enfant apprend à parler, à marcher nous savons qu’il a besoin de tomber, de buter sur les mots pour arriver peu à peu à surmonter cette première épreuve de la vie …mais nous lui faisons confiance, car nous savons que tout enfant arrive à marcher et à parler.

Puis cet enfant entre à l’école et voilà que l’erreur est sanctionnée par les notes. Il se trouve pris dans un système qui consiste à le définir à travers son niveau de notation et ce, tout au long sa scolarité.

Ensuite, cet enfant devient adolescent et entre (plus ou moins) dans une période de rébellion et de conflit, en particulier dans sa sphère familiale. Et nous, adultes, avons tendance à ne lui renvoyer que ce qu’il ne fait pas bien et à souligner ce que nous percevons comme des erreurs (de comportement, résultats à l’école…), en portant parfois à un jugement très rude sur ce que cela fait de lui comme Individu.

Comme me dit Isabelle, qui vient en coaching de motivation « ne me demandez pas ce que je fais bien. Je fais tout mal …toute la journée on me le dit. Je ne suis bonne à rien. »

Il en résulte que nos jeunes réduisent la perception de leur valeur personnelle à ce jugement que nous portons sur leurs erreurs.

Et peu à peu se construit une croyance que s’ils se trompent, s’ils ne font pas exactement ce qu’on attend d’eux, c’est que : “ils sont nuls”, qu’ils sont mauvais… Ils vont même jusqu’à penser que leur futur est menacé… !

Je peux, en tant que coach, en témoigner, car ce sujet revient de manière récurrente dans chacun de mes coachings, quel qu’en soit le thème. Guillaume, lorsque je le vois la première fois pour réfléchir à son orientation professionnelle résume assez bien la croyance très fortement installée dans la tête de nos jeunes : “Si je me trompe, j’ai des mauvaises notes, un mauvais dossier, une mauvaise école …un mauvais job et ma vie est foutue”…quel enchainement de pensées dévastateur pour un jeune de 17 ans !

Avons-nous conscience que la croyance qu’il faut, dans la vie, ne jamais faire d’erreur, donc éviter l’échec à tout prix, mine l’auto-estime de nos jeunes…qu’ils soient d’ailleurs bons ou mauvais élèves… ?

Avons-nous conscience du niveau d’angoisse que cela génère?

Parfois, le stress est tellement fort que cela conduit de leur part à développer un comportement d’évitement, que nous appelons « l’éviteur d’échec », qui consiste à préférer ne rien faire de peur de se tromper…et de décevoir.

En réalité dans nos sociétés, nous ne valorisons pas l’expérience …nous valorisons les diplômes, la réussite…

Comme dit le philosophe Charles Pépin dans son livre « les vertus de l’échec », nous confondons « Avoir raté » avec « être un raté », et nous avons un rapport à l’échec de l’ordre de la culpabilité. Selon lui encore : « s’identifier à son échec, c’est se dévaloriser jusqu’à se laisser gagner par le sentiment de honte ou d’humiliation ». …et c’est bien ce phénomène qui menace l’auto-estime de nos jeunes.

 

Or, le monde du travail qui attend les 15-20 ans nous est tout à fait inconnu. Nous vivons une révolution technologique, une transformation digitale qui va très vite et il se dit que 65%* des métiers de 2030 sont inconnus aujourd’hui, ou encore que nos jeunes changeront 13** fois en moyenne de travail dans une vie professionnelle.

C’est dans ce contexte que tous les experts s’accordent sur un point : parmi les compétences qui seront déterminantes dans le futur, on trouvera la capacité à entreprendre et donc à ne pas avoir peur de l’échec et par conséquent à avoir les ressources pour le surmonter. Or, comme dit encore Charles Pépin : « Il faut avoir échoué pour savoir qu’on s’en relève ! »

 

Alors que faut-il faire ?

Comme dirait le neurobiologiste Daniel Favre, « il faut décontaminer l’erreur de la faute (…) afin de libérer nos jeunes de la peur ». Cela consiste à « séparer l’erreur du registre du mal, du malsain… ».

Il faut que nous nous convainquions du fait que l’erreur est profitable, pour autant qu’on en comprenne les raisons, qu’on les mémorise et qu’on ne reproduise pas la même plusieurs fois.

 

Voici 7 conseils qui peuvent nous permettre, à nous parents, de contribuer à faire de l’erreur un vrai moteur de la réussite pour nos jeunes…

  1. Ne pas surprotéger son ado mais accepter de lui laisser faire ses propres erreurs, et ainsi construire son propre chemin et en conséquence sa confiance en lui.
  2. Accueillir son erreur comme une expérience de laquelle il va pouvoir apprendre afin de ne plus la reproduire dans le futur.
  3. Respecter son rythme d’apprentissage en considérant qu’il est unique et que donc il a un processus de compréhension, mémorisation… qui lui est propre…Rien ne sert de le comparer aux autres, …frères et sœurs ou autres copains !
  4. L’écouter et réfléchir avec lui sur les points suivants de manière dépassionnée :

– Les raisons de son échec (incompréhension, manque de travail personnel, panique au moment de l’examen…).

– Les enseignements pour l’avenir : ce qu’il faudra faire différemment.

– Ce que cela lui apprend de lui.

  1. Éventuellement, mettre en place un dispositif d’aide adapté à sa problématique (support scolaire, relaxation …voire coaching).
  2. Rester zen et prendre du recul en s’imprégnant nous-même de cette croyance défendue par Lao Tseu que « l’échec est le fondement de la réussite ».
  3. Regarder nos ados positivement : ils ont aussi plein de choses à nous apprendre.

 

…et pourquoi ne pas afficher cette magnifique phrase de Nelson Mandela dans le bureau de notre ado :« I never lose: either I win or I learn » …qui veut dire «  je ne perds jamais: je gagne ou j’apprends » ou encore le sympathique dessin ci-dessous que j’utilise très souvent dans mes coachings.